viernes, 31 de julio de 2015

Les Découvertes de Philae




La comète Tchouri, un concentré glacé de germes de vie

LE MONDE |


La comète Tchouri sur une photo prise par la sonde Rosetta le 20 juillet. 
 La comète Tchouri sur une photo prise par la sonde Rosetta le 20 juillet. ESA/Rosetta/Navcam

Depuis le 9 juillet, Philae n’a plus donné signe de vie. L’atterrissage acrobatique du petit robot, largué en novembre 2014 par la sonde Rosetta, de l’Agence spatiale européenne (ESA), sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko – Tchouri de son petit nom –, à un demi-milliard de kilomètres de la Terre et après un voyage dans l’espace de plus de dix ans, avait tenu la Terre en haleine. Mais Philae ne répond plus. Son mutisme s’explique-t-il par un changement d’orientation provoqué par le dégazage du noyau cométaire, qui rendrait ses émetteurs ou ses panneaux solaires inopérants ?

Les plus de 300 chercheurs européens engagés dans ce programme, dont plusieurs équipes françaises du CNRS et du Centre national d’études spatiales (CNES), n’ont pas perdu espoir de rétablir le contact. En attendant, les résultats scientifiques tombent comme une pluie de météorites.

Pour preuve, les sept publications réunies dans la revue Science, qui consacre, vendredi 31 juillet, un numéro spécial aux premières données engrangées par Philae. Celles que le robot-laboratoire, bardé de dix instruments (caméras, foreuse, sondeur radar, spectromètre, magnétomètre, analyseur de gaz et autres détecteurs), a collectées pendant soixante-trois heures sur Tchouri, entre le 12 et le 14 novembre 2014, avant d’entrer en hibernation durant sept mois.

« Ce qui est fantastique, c’est que pour la première fois dans l’histoire de l’étude des comètes, nous avons accès à la vérité du terrain. Tout ce que nous savions jusqu’ici venait d’observations lointaines ou de survols par des sondes », s’enthousiasme Nicolas Altobelli, responsable de la mission Rosetta à l’ESA. « Ce que nous apprenons sur cette comète est très éloigné de ce que nous imaginions. C’est à cela que l’on reconnaît les découvertes importantes », renchérit Jean-Pierre Bibring, professeur à l’université Paris-Sud et responsable scientifique de Philae.

Contrastes sur toute la surface



  
 
De fait, les images et les mesures réalisées par l’atterrisseur renouvellent la vision des comètes, petits corps célestes faits de gaz gelés et de poussières, un peu vite qualifiés de « boules de neige sales ». Les tribulations de Philae, qui, après avoir touché la surface de Tchouri, a rebondi par deux fois avant de se poser environ un kilomètre plus loin, sont elles-mêmes riches d’enseignements. Sur le premier site d’impact, baptisé Agilkia, le terrain est meuble, couvert de matériaux granuleux sur une vingtaine de centimètres d’épaisseur. Au point de chute final, Abydos, le sol glacé est beaucoup plus dur.

Ces contrastes se vérifient sur toute la surface de l’astre aux reliefs tourmentés, faits de creux et de bosses, avec des fractures qui, déjà mises en évidence par Rosetta aux grandes échelles, sont également apparentes à l’échelle millimétrique. A l’inverse, sa structure interne se révèle, du moins pour le lobe supérieur sondé par des ondes électromagnétiques, poreuse mais très homogène.

« Ce type de mesure n’a jamais été réalisé auparavant, explique Nicolas Altobelli. Cela va permettre de mieux comprendre les processus d’accrétion des grains de poussières primordiaux formant les premiers petits corps du Système solaire, dont certains ont pu évoluer jusqu’au stade de planète, tandis que d’autres, les comètes, sont restés à un stade primitif préservant quasi intact un état intermédiaire du processus de formation planétaire. »


 

Féconder les océans terrestres

 



- / AFP
 
Mais Tchouri réservait une plus grande surprise encore. Il apparaît que son noyau est un concentré de molécules organiques. Dans le nuage de poussières soulevé par le premier contact de Philae avec le sol ont été trouvées seize de ces molécules, dont quatre (isocyanate de méthyle, acétone, propionaldéhyde et acétamide) n’avaient jamais été détectées sur une comète. Or, il s’agit de précurseurs de composés plus complexes (sucres, acides aminés, bases de l’ADN…) qui constituent les briques élémentaires du vivant.

Les comètes, en quasi-permanence congelées et donc dépourvues d’eau liquide, n’abritent évidemment aucune vie. Mais cette découverte conforte l’hypothèse que de la matière organique venue des comètes ait ensemencé les océans terrestres lors de bombardements de notre planète par ces astres. Un – gros – bémol toutefois : l’éventuelle présence de composés organiques complexes sur Tchouri n’a pu être confirmée par les premières analyses.

Ce qui est sûr, souligne Jean-Pierre Bibring, c’est que « le noyau cométaire est très riche en composés carbonés, qui ne se présentent pas sous la forme de petites molécules piégées dans la glace, comme on le pensait jusqu’à présent, mais de grains suffisamment gros pour résister à un voyage dans l’espace ». Et donc pour avoir pu féconder les océans terrestres. « Le système solaire, ajoute Nicolas Altobelli, est une machine à fabriquer et transporter de la matière organique, et les premiers résultats de Philae nous donnent un aperçu des processus chimiques précurseurs de l’apparition de la vie. »


 

Mission prolongée

Philae se réveillera-t-il pour en dire plus sur Tchouri, ce témoin des premiers âges du Système solaire, voilà 4,5 milliards d’années ? Ses communications – s’il est en état d’en avoir – avec la sonde Rosetta, qui lui sert de relais, vont être rendues plus difficiles, la comète approchant de son périhélie, le point de son orbite elliptique le plus proche du Soleil, qu’elle atteindra le 13 août. Sous l’effet de la chaleur croissante, l’activité cométaire, c’est-à-dire la sublimation de ses glaces dans un nuage de gaz et de poussières, va aller elle aussi crescendo, obligeant à placer la sonde sur une orbite suffisamment distante – près de 200 kilomètres – de la comète.

Avec ou sans Philae, Rosetta n’a de toute façon pas fini de moissonner des données. Elle va continuer à escorter Tchouri dans sa course lointaine, scrutant le petit astre dont l’hémisphère Sud, jusqu’alors dans l’ombre, va se trouver exposé en pleine lumière. Peut-être saura-t-on, en observant l’érosion provoquée par le dégazage, si la curieuse forme bicéphale de la comète, parfois comparée à un canard, est le résultat de l’agglomération de deux noyaux ou celui d’une perte de matière cométaire. D’ores et déjà, les scientifiques européens ont décidé de prolonger la mission de Rosetta. Alors qu’elle devait s’achever fin 2015, elle se poursuivra très probablement jusqu’à l’automne 2016.
 

viernes, 24 de julio de 2015

Le double jeu permanent de la Turquie

La Turquie a bombardé l’Etat islamique en Syrie pour la première fois

Le Monde.fr |


Des tanks turcs à la frontière avec la Syrie, le 23 juillet 2015.
Trois chasseurs F-16 de l’armée de l’air turque ont bombardé, vendredi 24 juillet au matin, plusieurs objectifs tenus par l’Etat islamique (EI) en territoire syrien, ont annoncé les services d’Ahmet Davutoglu, le premier ministre de la Turquie. Ces frappes ont été menées peu avant 4 heures (3 heures en France), au lendemain d’un accrochage entre l’armée et les djihadistes qui a coûté la vie à un sous-officier turc.
Les avions turcs ont frappé « deux quartiers généraux et un point de ralliement » des combattants de l’EI avec des missiles avant de regagner leur base de Diyarbakir (Sud-Est), précise le communiqué publié par les services de M. Davutoglu. Selon l’agence de presse Dogan, les cibles étaient localisées autour du village de Havar, face à la province turque de Kilis (Sud).
« La République de Turquie est déterminée à prendre toutes les précautions pour défendre la sécurité nationale », est-il assuré dans le communiqué, qui précise que ces frappes avaient été décidées lors d’une réunion de sécurité qui s’est tenue jeudi soir autour du chef du gouvernement.
En parallèle, la police turque a lancé vendredi à l’aube une vaste opération antiterroriste contre des militants présumés de l’EI et des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les forces de l’ordre ont interpellé et placé en garde à vue 251 personnes, a annoncé le gouvernement. Ce coup de filet, qui continuait à mobiliser quelque 5 000 policiers et des hélicoptères dans la seule ville d’Istanbul, a été mené dans 13 provinces du pays, ont ajouté les services du premier ministre, Ahmet Davutoglu, dans une déclaration.

Grave combat armé

Quelques heures plus tôt avait eu lieu le plus grave combat armé entre les forces de sécurité turques et l’EI depuis que le mouvement radical a pris le contrôle de larges parties du territoire syrien, il y a un an : un poste avancé de l’armée turque a été la cible de tirs venus du côté syrien de la frontière, dans la région de Kilis. Un sous-officier turc a été tué, et deux autres militaires ont été blessés. Des chars turcs ont bombardé en retour des positions de l’EI.
Lundi, un attentat-suicide attribué par les autorités turques à l’EI a tué 32 personnes et en a blessé une centaine dans un centre culturel kurde de Suruç, près de la frontière. Il s’agirait de la première attaque terroriste de l’EI sur le territoire turc.
Jeudi, Ankara avait déjà accepté de laisser des avions de l’armée américaine utiliser plusieurs de ses bases aériennes dont celle d’Incirlik, proche de la frontière syrienne, pour mener des bombardements contre l’EI, affirment plusieurs responsables américains sous couvert d’anonymat. « L’accès aux bases turques, comme la base aérienne d’Incirlik, augmentera l’efficacité opérationnelle de la coalition » militaire qui combat l’EI, a notamment déclaré un officiel à l’Agence France-Presse. Cette base est située à 200 kilomètres de la frontière syrienne, dans la région d’Adana.
Cette autorisation, demandée depuis plusieurs mois par Washington, a été donnée après un entretien téléphonique entre le président des Etats-Unis, Barack Obama, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. L’utilisation d’Incirlik, promise pour des avions avec et sans pilote, fait partie d’un accord aux contours plus larges entre les deux pays, qui vise à approfondir leurs relations dans la lutte contre l’EI.

La Turquie avait limité son engagement

Le bombardement effectué par les F-16 et l’accueil des avions américains marquent un tournant dans la politique d’Ankara vis-à-vis de l’EI. La Turquie, membre de l’OTAN, a jusqu’ici limité son engagement au minimum dans la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre le groupe djihadiste depuis le début des bombardements, en septembre, provoquant la colère de son allié américain. Elle s’opposait également depuis septembre à ce que les avions américains puissent utiliser sa base d’Incirlik.
Ankara a, à plusieurs reprises, critiqué la stratégie d’attaque du seul EI par la coalition, privilégiant de son côté la lutte contre le régime de Bachar Al-Assad. Elle est accusée d’avoir longtemps laissé les djihadistes de l’EI traverser son territoire en toute liberté et d’avoir cherché à les armer au début de 2014.

jueves, 23 de julio de 2015

El provincianismo del independentismo catalán




Perdiéndonos la fiesta

Cataluña nunca fue esa provincia encerrada en sí misma que los nacionalistas quieren construir. Si algo ha admirado de ella el mundo hispano es su espíritu cosmopolita y su apertura. Ahora, su gran esfuerzo es borrar al otro

Santiago Roncagliolo 23 JUL 2015
 

Cataluña
RAQUEL MARIN

Hace un par de meses, me desplacé de Barcelona a Madrid para la presentación del poeta peruano Carlos Germán Belli. Lo hice por admiración pero también por solidaridad, porque pensé que un poeta extranjero y difícil no iba a ser precisamente un éxito de público. Cada asistente era importante. Por suerte, me equivoqué.

Al acto, celebrado en la Casa de América, asistieron cerca de 150 personas. Sobre Belli flota el rumor del premio Cervantes, de modo que había representantes de las instituciones culturales como la Real Academia o el propio Instituto Cervantes. Pero también asistieron otros escritores peruanos y latinoamericanos, que encontraron un punto de encuentro. Y público en general con interés por el Perú o la poesía. Mario Vargas Llosa recitó un texto de Belli. José Manuel Caballero Bonald trazó un mapa de las relaciones entre su poesía y la del homenajeado. Apenas lo conocía personalmente, pero se sentía unido a él por una lengua y una tradición literaria común.
 
Para mí, fue emocionante. Y a la vez, triste. Porque comprendí que, en Cataluña, una fiesta así sería imposible.

Sí. Este año se organizó en Barcelona un bello homenaje a Gabriel García Márquez. Pero cualquier escritor que no tenga un Nobel, esté muerto, y sobre todo, haya residido en Cataluña, tiene pocas posibilidades. La lengua española no recibe apoyo del Estado, y el mundo cultural tiene la cabeza en su propia historia. Hay una Casa de América catalana que hace lo que puede, pero sus recursos son mínimos. Es muy gráfico que esta Casa ni siquiera tenga un local individual: está en un entresuelo. Y durante años, ni siquiera pudo tener un cartel visible desde la calle (tampoco es muy visible el que tienen ahora, la verdad).

Pero en el acto del poeta Belli descubrí algo mucho más alarmante: los latinoamericanos de mi medio —escritores, editores, periodistas— están abandonando Barcelona. He pasado tiempo creyendo que se marchaban de España por la crisis. Pero ahí me encontré con que muchos de ellos se han trasladado a la capital. En cambio, ya ninguno hace la ruta contraria, la que yo mismo hice, la que antes era normal.
Ante los que se consideran más europeos que otros europeos ¿Qué podemos esperar los americanos?
Ninguno de estos amigos y conocidos se ha marchado por ser anticatalán o antinacionalista. Ninguno diría que la política ha tenido algo que ver con su decisión, Simplemente, han encontrado trabajo allá. Pero precisamente eso es la consecuencia de lo que está pasando en la política catalana: hoy, si escribes en español, tu vida está en otra parte.

Cuando comento estas cosas en Cataluña, los más nacionalistas me responden que eso ocurre porque Madrid es la capital: hay más dinero, más movimiento, más todo. Pero ese argumento ignora su propia historia. Para los escritores en lengua española, Barcelona siempre fue mucho más importante que cualquier capital. Como recuerda Xavi Ayén en su monumental Aquellos años del boom, el gran momento de la literatura latinoamericana se forjó en Cataluña. Lejos de Franco y cerca de Francia, esta ciudad se convirtió en la puerta del español hacia Europa. Y cuando yo llegué aquí hace diez años, aún lo era. Los intelectuales que hoy abandonan Barcelona prueban precisamente que antes estaban aquí. Madrid nunca había podido llevárselos. Hoy Barcelona se los regala, renunciando con convicción a su propio lugar de privilegio.

El crítico y editor Andreu Jaume advirtió en estas mismas páginas el 19 de junio que la capitalidad editorial de Barcelona “peligra ahora por una desidia política que ya está empezando a propiciar una diáspora cultural”. Yo añadiría a la desidia, ceguera. Porque esta ruptura responde al conflicto de algunos políticos catalanes con España, pero el español no es la lengua de España: es la lengua de quinientos millones de personas y la segunda más hablada en el mundo. La española ni siquiera es la mayor comunidad de hablantes de ella, tampoco la más importante. Si los hispanos de Estados Unidos fuesen un país, formarían parte del G20. En este gigantesco universo, lleno de energía creativa, Barcelona siempre fue la Nueva York. Hoy está empeñada en convertirse en la Letonia.

Me temo que no se trata de un error, o de un daño colateral, sino de un acto voluntario y deliberado. Como todo nacionalismo, el catalán se basa en el convencimiento de su propia superioridad respecto de quienes lo rodean. El nacionalista catalán cree que los suyos son más eficientes, modernos y cultos que un andaluz o un gallego, y resume todas esas cualidades en el concepto “más europeo”. En general, muchos europeos están convencidos de ser mejores que los demás y ya no reparan en el tufillo xenófobo de considerar su origen como una cualidad. A eso me he acostumbrado. Pero ante gente que se considera más europea que otros europeos ¿Qué podemos esperar los americanos? Todo lo que un nacionalista catalán desprecia de España es lo que nosotros representamos.

Ahora bien, independientemente de cuestiones de sensibilidad: ¿De verdad es viable desdeñar a toda esta gente? ¿A todos esos países? El español es la segunda lengua de Estados Unidos. Es una puerta a Japón y China a través del relaciones entre los países del Pacífico. El impacto cultural de este fenómeno no se limita a los libros, sino a todos los ámbitos de la comunicación. Un país hispano, México, alberga la segunda feria editorial más grande del mundo en Guadalajara. El español es la segunda lengua en Twitter. La ficción latinoamericana se emite en pantallas de televisión de Croacia, Rusia o Australia ¿Es posible menospreciar a todo el planeta?

Madrid nunca había podido llevarse a esos intelectuales. Hoy Barcelona se los regala.

La respuesta es no. Lo que sí es posible es que quedarse solo. En la medida en que Cataluña defiende su identidad como diferente de la de todos los demás, pierde referentes para hacerse oír en el mundo. Hay una fiesta allá afuera. Y los que vivimos aquí nos la estamos perdiendo.

Cataluña nunca fue esa provincia encerrada en sí misma que los nacionalistas quieren construir. Si algo ha admirado de ella el mundo hispano es su espíritu cosmopolita y su apertura. Durante décadas, su bilingüismo perfecto ha sido la señal de una sociedad culta, orgullosa de sí misma y dialogante a la vez. La protección del catalán en la educación fue un ejemplo para las lenguas autóctonas americanas, antes de convertirse en todo lo contrario: un esfuerzo por borrar al otro.

La paradoja es desoladora: basados en un elevado concepto de su propio cosmopolitismo, los nacionalistas están construyendo una sociedad más provinciana. Por enormes que sean sus banderas en plazas y estadios. Por fuerte que griten en catalán e inglés. Por muchas embajadas que quieran abrir. Su único proyecto cultural es precipitar a Cataluña orgullosamente hacia la irrelevancia.

Santiago Roncagliolo (Lima, 1975) es escritor.

Link original:  http://elpais.com/elpais/2015/07/08/opinion/1436372508_577976.html

lunes, 20 de julio de 2015

Une réponse risquée mais consistante à l´un des grands énigmes de l´époque pré-hellenique

Il y a 3500 ans en Crète, une invention provoque l’exode d’une civilisation

 

Des palais détruits, puis reconstruits, puis à nouveau détruits. Des habitations abandonnées par dizaines. Qu'est-il donc arrivé aux Minoens, brillante civilisation crétoise il y a plus de trois mille ans ? Une étude lève un coin du voile.

 

 

Fresque-minoenne-−-Musée-archéologique-d-Héraklion-−-George-M.-Groutas-CC-BY-2.0-cropFresque-minoenne − Musée-archéologique-d-Héraklion recadrée − George-M.-Groutas − 


Pendant longtemps, l'histoire était simple. Précédant la Grèce antique, une merveilleuse et impressionnante civilisation crétoise établie aux III-IIe millénaires av. J.-C., celle des Minoens, aurait été balayée par une éruption terrifiante : celle du Santorin, supervolcan dont l'effondrement a envoyé un tsunami meurtrier dans l'est de la Méditerranée. Mais avec l'affinement progressif des datations, il a fallu se rendre à l'évidence : cela n'avait rien à voir. 

Le volcan a explosé au moins soixante-dix ans après la toute première destruction des palais minoens, survenue vers 1700 av. J.-C. Reconstruits entre-temps, les palais sont cette fois définitivement détruits autour de 1450 ans av. J.-C. Seule exception, le plus gros d'entre eux, celui de Cnossos sur la côte nord de l'île, qui se maintient encore quatre-vingt ans. Puis il tombe à son tour.

Pour retracer cette mystérieuse histoire, impossible de se passer de l'archéologie. Car les Minoens ont beau avoir laissé des inscriptions, celles qui datent d'avant la destruction des palais sont rédigées dans une langue à ce jour toujours inconnue. Pas de trace non plus d'éventuels souverains dans les splendides fresques et décorations de cette époque.

L'archéologie, elle, est plus bavarde. Surtout depuis la découverte de nombreux sites dans les campagnes aux alentours des palais. Ces travaux mettent en évidence de curieuses évolutions du peuplement dans l'île. Excepté de rares cas, le nombre de sites occupés par les Minoens a tendance à diminuer, voire à franchement chuter au moment de l'émergence des seconds palais.

La plupart du temps, les spécialistes du monde minoen ont fait de ces phénomènes une lecture essentiellement politique. Ces changements traduiraient, par exemple, des luttes entre palais concurrents, qui aurait fini par tourner à l'avantage de l'un d'eux, Cnossos, réussissant alors à exercer sa domination sur une grande partie de la Crète.

Mais une équipe d'archéologues de l'École française d'Athènes dirigée par Sylvie Müller Celka, du CNRS, a fait une découverte intrigante. Elle a constaté que le phénomène d'abandon des sites était particulièrement marqué dans la région de Malia, sur la côte nord-est de la Crète. Elle a montré qu'entre la période des premiers palais (ceux détruits vers 1700 ans av. J.-C. ) et celle des seconds (ceux détruits avant 1450 av. J.-C.), les Minoens n'ont abandonné définitivement que des sites bien particuliers : presque tous ceux qu'ils occupaient sur les pentes de la montagne qui domine Malia.

Pour comprendre cet abandon, les chercheurs ont examiné en détail la géographie des lieux et la nature des terres qui s'y trouvent. Ils ont mis en évidence trois grandes zones. En bas, ce sont les plaines de la côte, chaudes et plutôt sèches, habitées tout au long de la période minoenne. Le rendement des terres, sans apport important d'eau, y est faible. Tout en haut se trouve la zone d'altitude quasi-inhabitée, où la culture des oliviers et de la vigne est difficile, voire impossible (au-delà de 900 mètres).

Entre les deux se placent les pentes de la montagne (entre 300 et 900 mètres d'altitude). C'est principalement cette zone que les Minoens ont quittée à la période des seconds palais. Ces pentes sont beaucoup plus arrosées que la plaine, et recouvertes en haut par des forêts. Les recherches de l'équipe montrent que les populations y occupaient alors des sites plutôt petits par rapport à ceux de la plaine. Elles y élevaient des chèvres et des moutons, cultivaient de la vigne, des arbres fruitiers, un peu de céréales et produisaient du miel. Dans ces pentes en proie à l'érosion, elles exploitaient de petites parcelles proches de leurs maisons. Elles captaient sans doute l'eau des sources ou des torrents avec des canalisations en terre cuite, dont les archéologues ont trouvé de nombreux fragments.

Mais alors, pourquoi cette soudaine ruée vers la plaine ? Pourquoi quitter un milieu dont ils savaient tirer parti, pour des terres sèches et a priori peu accueillantes ? Peut-être, proposent les chercheurs, parce que les Minoens avaient trouvé la clé pour accéder aux énormes réserves en eau du sous-sol crétois. Ils auraient découvert ou importé de l'étranger le moyen de pomper la nappe phréatique. Et par là, celui d'irriguer massivement les plaines de la côte. Donc d'améliorer considérablement le rendement des terres basses, pour y cultiver oliviers, vignes et légumineuses (la famille des fèves, pois, etc.). Autrement dit, ce serait peut-être une innovation agricole aurait lancé le signal de cet exode vers la plaine.

Mais cette hypothèse est-elle plausible ? Peut-être, car c'est justement au début de la période des seconds palais que les Minoens semblent avoir développé un intérêt pour tout ce qui touche à l'hydraulique. Ces dernières années, des archéologues ont découvert des barrages placés sur des torrents de montagne, datant de cette époque. Ils se trouvent dans l'est de la Crète, dans la vallée de Choiromandres et sur l'îlot de Pseira. Ces dispositifs semblent clairement avoir pour but l'irrigation, répandant leur trop-plein dans des terrasses agricoles situées juste à côté des barrages.

En outre, c'est à peu près à la même époque que les Minoens commencent à creuser des puits, et donc à atteindre la nappe phréatique. Les systèmes qu'ils utilisaient pour amener l'eau à la surface ne nous sont pas parvenus. Étaient-ils suffisamment efficaces pour alimenter un dispositif d'irrigation en plaine ? C'est possible, car au moins un système rudimentaire pour pomper l'eau du sous-sol est alors connu depuis plus d'un millénaire en Mésopotamie. C'est le puits à balancier, où un contrepoids facilite l'ascension du seau. Il est attesté également en Égypte durant la période correspondant aux seconds palais, alors qu'existent justement des relations commerciales avec la Crète.

Cette intense activité hydraulique pourrait aussi être liée à une lente détérioration du climat en Crète, ayant débuté deux mille ans plus tôt. Des études suggèrent en effet que les étés sont devenus de plus en plus secs. Les pluies calmes de l'hiver se seraient progressivement décalées au début de l'automne, devenant torrentielles, entraînant érosion des pentes et manque d'eau pour la végétation au printemps. Dans ces conditions, la vie sur les pentes de la montagne était peut-être devenue de plus en plus difficile avec le temps.
Si cette hypothèse est correcte, alors le phénomène d'abandon des sites d'altitude ne devrait pas être limité à la région de Malia. Tout semble indiquer que c'est bien le cas. En règle générale, à l'arrivée des seconds palais, il y a nettement moins de sites occupés dans les zones d'altitude ou à relief accidenté, alors qu'ils se développent dans les zones de plaine (ou dont le relief permet l'irrigation et l'agriculture intensive).
En outre, si les causes de ces déplacements étaient politiques, les populations auraient normalement fini par revenir. Or ces sites de montagne ne seront jamais réoccupés, ou alors bien après, plus d'un millénaire plus tard.

Nicolas Constans



Compléments

L'hypothèse évoquée dans cet article est exposée en détail et en français dans le blog du laboratoire Archéorient par Sylvie Müller Celka.
Le palais de Malia
Le palais de Malia
Cliché École polytechnique d'Athènes 1989, © École française d'Athènes

Débat

C'est là tout le sel du débat scientifique : archéologue à l'université de Louvain, Jan Driessen, bien qu'estimant le travail de collègues qu'il connaît depuis longtemps, fait une lecture différente des mêmes données archéologiques. Il trouve que les preuves d'une éventuelle irrigation des plaines sont bien minces. Les puits ? Là pour étancher la soif des hommes, pas celle du blé ou de l'olivier. D'ailleurs, ils sont souvent à l'intérieur des villes, pas en lisière des champs. Le barrage de Choiromandres ou celui de Pseira ? Des cas particuliers, construits par des habitants soumis à de très fortes sécheresses dans des régions plus arides que les autres.

« Les puits connus sont en ville, répond Sylvie Müller Celka, du laboratoire Archéorient (Lyon), parce que seuls les sites d'habitat ont été fouillés ! En prospection, nous en avons repéré des centaines dans la campagne, dont certains encore en fonction. Leur âge ne peut être précisé tant qu'on ne les aura pas fouillés.». L'aridité particulière des régions à barrages n'est pas démontrée selon elle. En revanche, elle convient que les preuves d'une irrigation massive dans les plaines restent à découvrir. L'équipe élabore actuellement de nouvelles stratégies de recherche pour y parvenir (entre autres l'analyse des puits).

Quant à l'abandon des sites, il aurait plusieurs causes, selon Jan Driessen. À Malia, il s'agirait plutôt de vases communicants : un site situé sur la côte à quatre kilomètres du palais, Sissi, aurait pris de plus en plus d'importance, ralliant les populations locales. Il serait devenu l'un des lieux du pouvoir dans la région, affaiblissant Malia. Cet été, Jan Driessen part justement avec son équipe dégager à Sissi des vestiges, qui pourraient être ceux d'un mini-palais. Pour Sylvie Müller Celka, l'importance de Sissi à l'époque des seconds palais vient de la tendance générale qu'ont alors les populations à se regrouper dans certains sites, qui grossissent donc en conséquence. En outre, ajoute-t-elle, ces regroupements n'expliquent pas pourquoi les populations n'abandonnent que les sites d'altitude à cette époque.

Autre point soulevé par Jan Driessen : même avec une sécheresse plus grande, il existe des sources dans ces montagnes qui pouvaient permettre aux populations de continuer à vivre sur les pentes. « Ces massifs sont karstiques, répond Sylvie Müller Celka. Le débit des sources, souvent sporadique, a sans doute été encore plus limité par l'aridité grandissante. En outre, la région est sujette aux séismes, qui peuvent facilement obstruer les galeries souterraines. » Selon certains chercheurs, un important tremblement de terre serait à l'origine de la destruction des premiers palais minoens vers 1700 av. J.-C.

viernes, 17 de julio de 2015

DREAMING....



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South America Moves Slowly Toward an EU Trade Deal 

 https://www.stratfor.com/sites/default/files/styles/stratfor_full/public/main/images/Mercosur-snapshot-071515_0.jpg?itok=SfcbKG-O

July 15, 2015 | 18:53 GMT
Mercosur, the customs union consisting of Brazil, Argentina, Uruguay, Paraguay and Venezuela, may soon heighten its efforts to craft a trade deal with the European Union. Mercosur's next summit, to be held July 16-17 in the Brazilian capital, comes amid increasing conflict within the bloc over negotiating trade deals with external parties, particularly with the European Union. However, the second half of the year could see greater movement toward a free trade agreement between Mercosur and the European Union, with Brazil playing a more active role in expanding Mercosur's trade prospects and relationships. 

Mercosur's upcoming summit will include several notable components, but the most controversial agenda item will be the discussion of increased flexibility for Mercosur in negotiating free trade agreements with third parties.

The topic has been a source of significant dispute among Mercosur member states, particularly in the context of negotiating a free trade agreement with the European Union. The blocs — two of the four largest trade unions in the world — have held free trade talks regularly since 2010. But not all Mercosur members are aligned: Argentina is concerned that EU goods might undermine its own domestic industry, while Uruguay is eager to expand its export markets and has thus advocated accelerating negotiations. Mercosur law stipulates that its members must negotiate any free trade deals as a bloc rather than individually (except free trade deals with Mexico), so such internal disagreements have hindered progress toward a deal with the European Union. But Uruguay has pushed for a revision to the law, favoring instead a two-speed process in negotiations with the European Union that would allow some Mercosur members to proceed in trade talks more quickly than others.

Nevertheless, the expansion of trade with the European Union has clearly taken on greater importance for Brazil and other members of Mercosur. Economic growth in the region is slowing, and political change is coming in Argentina. At the same time, the entire bloc feels a need to anticipate any regulatory changes that may come with a potential Trans-Atlantic Trade and Investment Partnership agreement between the European Union and the United States. Mercosur is thus likely to spend the next few months actively pursuing an eventual trade deal with the European Union.

EL CRECIENTE AISLAMIENTO INTERNACIONAL DE ISRAEL





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La pérdida de la gracia de Israel

Middle East Eye


Hace justo cuatro meses, en marzo de 2015, un mes antes del día de las elecciones en Israel, el primer ministro israelí Benjamin Netanyahu viajó a Washington para pronunciar lo que se describió como el “discurso de su vida”. El objetivo era convencer al Congreso estadounidense de que no permitiera la firma de un acuerdo nuclear con Irán por suponer “una grave amenaza, no sólo para Israel sino también para la paz del mundo entero”, lo mismo que el régimen nazi hizo en su época. 

Las noticias que llegaban el martes por la mañana desde Viena, anunciando un acuerdo entre Irán y el grupo P5+1 (EEUU, Rusia, Reino Unido, Francia, China y Alemania) podían por tanto significar que Netayanhu había fracasado en lo que él mismo definió como su misión histórica: impedir este acuerdo con el régimen islámico de Teherán que, según él, allanaría el camino para un Irán nuclear en un futuro muy próximo. 

Si Netanyahu se cree lo que dijo en el Congreso de EEUU en el mes de marzo, puede que sienta que Israel está ahora peligrosamente más cerca del Día del Juicio Final, que un Irán nuclear podrá cumplir su sueño de borrar del mapa a Israel. Debe ser un sentimiento muy escalofriante. Por otra parte, como ha venido usando –y abusando- de la amenaza iraní como pretexto para recoger votos entre el de por sí aterrado electorado israelí, el acuerdo con Irán puede marcar una de sus derrotas políticas más amargas. 

Cierta o no, la amenaza iraní es una de las principales banderas –en ocasiones la única- que Netanyahu ha estado ondeando desde que fue reelegido en 2009. En esta cuestión ha invertido no sólo sus habilidades políticas y oratorias (algunos añadirían demagógicas). Según el ex primer ministro Ehud Olmert, el gobierno de Netanyahu ha gastado 11.000 millones de shekels nuevos (2.900 millones de dólares) en los preparativos militares para un posible ataque contra las instalaciones nucleares de Irán. 

En los comentarios que hizo justo antes del anuncio del martes por la mañana, Netanyahu dio a entender que hay aún una operación militar sobre la mesa, alegando que no trataba de impedir un acuerdo con Irán sino evitar que consiguiera fabricar armas nucleares. Pero una vez que todas las principales potencias mundiales han aceptado el acuerdo, parecería una cosa de locos que Israel se pusiera a actuar en solitario y enviara a su fuerza aérea contra Irán, desafiando a toda la comunidad internacional. 

Netanyahu confía claramente aún en que podrá combatir el acuerdo con Irán en el Congreso estadounidense. En el Senado es necesaria una mayoría de dos tercios para derrotar el acuerdo. Netanyahu puede contar con sus amigos republicanos, pero parece muy improbable que consiga convencer al menos a trece demócratas para que se carguen un acuerdo con el que no sólo su presidente está absolutamente comprometido, sino también la UE, Francia, Gran Bretaña, China y Rusia. En cierto modo, se trata de Netanyahu y sus amigos republicanos contra el mundo entero. Pocas veces se ha visto tan aislado a Israel. 

Pero el acuerdo alcanzado en Viena no es un mero fracaso personal para Netanyahu. Supone una amenaza real para Israel pero no precisamente a causa del programa nuclear de Irán. La mayoría de los analistas israelíes adoptaron la posición de Netanyahu, según la cual el acuerdo está lleno de agujeros e Irán tendrá no pocas dificultades para superar todas las inspecciones internacionales. Otros comentaristas se mostraron menos alarmistas. Pero todos coinciden en que Irán es más fuerte tras el acuerdo que antes de él, y para ellos la ecuación es simple: cuando Irán se fortalece, Israel se debilita.
Además de la obvia cuestión nuclear, Israel centra sus temores en el levantamiento de las sanciones a Irán. Según el discurso israelí, una vez que las cuentas iraníes en el extranjero dejen de estar congeladas y el comercio entre Irán y el mundo exterior vuelva a la normalidad, el gobierno de Teherán tendrá entonces cientos de miles de millones de dólares a su disposición para gastarlos en armas y en ayudar a organizaciones militantes como Hizbolá, Hamas y otras. 

Puede que estos temores no estén infundados, pero los problemas de Israel son incluso más profundos aún. El profesor Eyal Zisser, uno de los más destacados expertos de Israel en temas de Oriente Medio, lo expuso abiertamente en una entrevista en el Canal II de la televisión de Israel el martes. Por detrás de este acuerdo, dijo Zisser, lo que hay es el entendimiento estadounidense de que Irán puede ser uno de sus socios en Oriente Medio, que puede ayudarle en su búsqueda de estabilidad en la región. En vez de considerarle como la fuente de todo mal, el régimen iraní puede “aportar las cosas buenas” de que EEUU está tan necesitado: desde estabilizar la situación en Iraq a bloquear los avances del Estado Islámico por toda la región. 

Irán, con el acuerdo con el grupo P5+1 en la mano, puede sentirse razonablemente seguro frente a los neoconservadores estadounidenses que siguen aún empeñados en forzar un cambio de régimen en Teherán. Pero puede que el gobierno iraní tenga muchas más cosas que celebrar que sólo esta impunidad de la interferencia exterior en sus asuntos. 

Netanyahu parece creer que el actual torbellino en el Oriente Medio, con el auge del Estado Islámico, puede ayudar a Israel a convencer a EEUU y a Europa de que es el último bastión contra la toma de toda la región por la fuerza militante. Sin embargo, puede que sea al revés. Israel no cuenta con ventajas para combatir al EI ni para calmar la situación en Iraq o Afganistán. Un Irán política y económicamente estable puede hacer el trabajo mucho mejor. En tal escenario, Israel se convierte en una carga más que en un valor. 

No es necesario ser ningún experto para entender que cuando de alguna forma Irán se convierta en socio de EEUU, Israel va a quedar rebajado en tal condición. Esto no va a suceder, por supuesto, de la noche a la mañana. Pero el mapa del campo geopolítico puede cambiar mucho más velozmente de lo que Israel se imagina. Un cambio histórico, como los medios de comunicación mundiales calificaron el acuerdo firmado el martes por la mañana en Viena.

Meron Rapoport es un periodista y escritor israelí. Ha ganado el Premio Internacional al Periodismo de Nápoles por sus investigaciones acerca del robo de olivos a sus propietarios palestinos. Fue director del Departamento de Noticias de Haaretz. Ahora es un periodista independiente.
Fuente:   http://www.middleeasteye.net/columns/israels-fall-grace-2034426860 

La Corruption dans la gauche brésilienne





Une enquête ouverte pour trafic d’influence contre l’ex-président brésilien Lula

Le Monde.fr |
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Luiz Inacio Lula da Silva, ancien président du Brésil, le 22 juin. 
 
Le scandale de corruption Petrobras qui agite depuis des mois le Brésil a pris, jeudi 16 juillet, une nouvelle tournure. Au moment même où l’on apprenait qu’un des délateurs de l’affaire accusait l’influent président de la Chambre des députés Eduardo Cunha, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, pilier de la coalition au pouvoir), d’avoir exigé 5 millions de dollars (4,5 millions d’euros) de pots-de-vin, le parquet fédéral ouvrait une enquête contre Luiz Inacio Lula da Silva pour trafic d’influence.

L’ancien chef d’Etat (2003-2010) est accusé d’avoir intercédé auprès de dirigeants étrangers en faveur du géant brésilien du BTP Odebrecht. La plus importante société de construction-ingénierie d’Amérique latine, qui s’est vue confier les grands chantiers des Jeux olympiques de Rio 2016, est emportée dans la tourmente de l’affaire Petrobras depuis l’arrestation en juin de son président Marcelo Odebrecht. Selon le parquet, le conglomérat a piloté un cartel d’entreprises du bâtiment accusées de s’être entendues sur des prix et d’avoir surfacturé des travaux effectués pour la compagnie pétrolière nationale.

Des voyages en question

Cité depuis des semaines par les médias brésiliens pour sa relation privilégiée avec la famille Odebrecht, l’ex-président Lula est aujourd’hui dans la ligne de mire des enquêteurs pour avoir effectué un voyage en janvier 2013 à Cuba, en République dominicaine et aux Etats-Unis en compagnie d’Alexandrino Alencar, ex-directeur des relations institutionnelles d’Odebrecht. Le vol, pris en charge par l’entreprise, avait été étrangement enregistré avec la mention : « Passager principal : vol totalement secret. » Alexandrino Alencar a été arrêté en même temps que Marcelo Odebrecht.

L’enquête a été ouverte le 8 juillet, après une démarche préliminaire sur les activités de Lula, qui pour le moment ne sera pas appelé à témoigner, a souligné le ministère public. Il précise toutefois que les projets entrepris lors du voyage à Cuba auraient été financés grâce à un prêt consenti par la BNDES, la banque publique de développement. Cette institution dont les ressources rivalisent avec celles de la Banque mondiale possède 17,24 % du capital de Petrobras.

Lorsque la procureure Mirella de Carvalho Aguiar, chargée d’enquêter sur l’ex-président, avait sollicité, en mai, des informations à Odebrecht, la BNDES, l’Institut Lula et au ministère des affaires étrangères pour l’ouverture d’une enquête, le géant du BTP avait défendu l’action de l’ancien chef d’Etat en affirmant qu’il s’agissait d’un moyen de « montrer le potentiel des entreprises brésiliennes ».

Lula se dit « tranquille »

Par la voix de son Institut, situé à Sao Paulo, Lula a affirmé qu’il avait reçu avec « surprise » la décision du parquet fédéral. Il a ajouté qu’il allait expliquer et détailler ses voyages. Son porte-parole a affirmé, de son côté, « être tranquille ». Il s’est toutefois étonné de la « rapidité » avec laquelle la décision judiciaire a été prise : « Nous avons fourni toutes les informations demandées à la procureure le week-end dernier et nous trouvons étrange qu’en si peu de temps elle ait déjà analysé tout le matériel. » Dans une note publiée tard dans la soirée, l’Institut Lula ajoutait qu’il était clair que l’ex-président était « la cible d’un ensemble de manipulations destinées à créer une gêne et entacher, sous de faux prétextes, l’image du plus grand leader populaire du pays ».

Déjà en 2013, la Folha de S.Paulo avait révélé que la moitié des voyages de Lula après son départ de la présidence avaient été financés par les trois grandes entreprises de construction brésiliennes : Odebrecht, Camargo Corrêa et OAS. L’ex-président aurait permis, selon des câbles diplomatiques publiés par le quotidien pauliste, de vaincre certaines résistances rencontrées par ces entreprises, notamment au Mozambique. Plusieurs hauts dirigeants des trois groupes sont poursuivis depuis la fin 2014 pour leur implication présumée dans le scandale Petrobras.
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/07/16/une-enquete-ouverte-pour-trafic-d-influence-contre-l-ex-president-bresilien-lula_4686219_3222.html#5MOLBRBi0shOpd3L.99